Retranscription écrite du podcast :
Bonjour à tous et bienvenue dans Se Sentir Bien, le podcast qui est là pour devenir votre propre coach, je suis Esther Taillifet coach certifiée, et dans ce 130ème épisode nous allons parler du biais rétrospectif, qui est un biais cognitif, tous les 5 épisodes nous parlons de ce sujet passionnant qui nous permet de comprendre que notre cognition nous joue des tours, qu’il y à de nombreux jugements que l’on crée dans notre quotidien que l’on a dans notre vie et qui sont liés au fonctionnement de cognition et qui nous amène à faire des erreurs dans nos choix, de logique et de jugement. Cela vaut le coup d’être au courant que ces biais cognitifs existent, premièrement pour s’en rendre compte et potentiellement lever en amont ces erreurs potentielles, sachant qu’en en ayant conscience, ce n’est pas pour autant que l’on va pouvoir s’en affranchir totalement puisque c’est par définition ce qui fait notre humanité.
Le but du jeu n’est pas seulement de s’en affranchir, c’est plutôt de les connaitre, de connaitre notre humanité et nos limites, de pouvoir les anticiper et d’être en mesure d’en tenir compte dans nos décisions, de se servir de cette information pour ne pas se culpabiliser ou imaginer que l’on aurait pu faire autrement là où en faite c’est juste le fonctionnement de notre cognition qui est à l’oeuvre.
Pourquoi avons-nous ces erreurs de jugements ?
C’est pour la simple et bonne raison que notre cerveau essaie d’être efficace, rapide et de faire en sorte que les décisions qui sont prises dans notre quotidien se prennent le plus simplement possible. Notre cerveau a juste essayé d’être efficace avec le temps, il n’a pas forcément essayé d’être juste, il n’y a pas de volonté de logique mais une volonté que cela fonctionne. Ces biais cognitifs fonctionnent, font en sorte que l’on se sentent bien, nous permettent d’avancer et d’évoluer.
Nous allons regarder aujourd’hui de plus près le biais rétrospectif et voir comment il fonctionne, quel est son intérêt à priori ?
Tous ces biais cognitifs sont là pour nous protéger, je vous rappelle l’objectif de notre cerveau : ce n’est pas que l’on se sente bien, pas que l’on ne remplisse notre mission de vie ou que l’on soit épanoui… Son but premier est de nous maintenir en vie, le but est de fuir l’inconfort, et d’aller rechercher le confort et de ne surtout rien changer, que tout soit prévisible, que tout soit agréable, notre cerveau a pour intention de nous maintenir en vie, et à priori comme nous le sommes, il est hors de question d’aller prendre des risques. Ce qui fait que notre cerveau va interpréter tout changement comme un danger. On se rend compte de cela lorsque l’on s’intéresse au fonctionnement des biais cognitifs parce qu’ils sont là pour nous protéger, pour être efficace et pour nous éviter des dangers, et c’est le cas du biais rétrospectif.
Qu’est-ce que le biais rétrospectif ?
C’est ce biais rétrospectif où vous vous dites après coup : « Mais en faite je le savais depuis le début/ Ça aurait pu être évité ce truc là/ Mais c’était évident que cette décision était une erreur ».
Vous le connaissez ce sentiment ?
Lorsqu’après coup, vous analysez une situation, et vous vous dites : « j’aurais pu l’anticiper ».
Ce biais cognitif qui est à l’oeuvre, c’est juste nous qui reconstituons l’histoire, rétrospectivement maintenant que l’on connaît l’issue. C’est un biais qui est problématique car il va créer de nombreuses erreurs de jugements parce que l’on va attribuer une importante à des éléments qui n’en ont pas forcément dans l’événement qui s’est produit, c’est un biais qui est assez connu notamment dans le milieu judiciaire et médical, parce qu’il y a souvent des erreurs de jugement qui sont fait rétrospectivement et où l’on se dit : « tiens, maintenant que l’on connaît l’issue et que l’on sait que telle personne s’est fait agressé », on reconstitue l’histoire et on se dit que ça aurait pu être anticipé, elle était dehors à telle heure ou elle était en mini jupe (on adore quand ce genre de réflexions qui excusent ou justifie le viol), elle était alcoolisée… Maintenant que l’on a toutes ses informations, on fait en sorte de leur donner un sens, on leur attribue la cause de l’agression rétrospectivement. Dans le cas d’une erreur médicale cela va être la même chose, on a souvent dans les hôpitaux le personnel soignant prend de nombreuses informations pour justement éviter les erreurs, et rétrospectivement lorsque nous sommes en possession de l’ensemble de ces informations et que l’on s’aperçoit que le patient a eu un problème quelconque, quand on reprend l’ensemble des informations, c’est assez facile de se dire : « ah mais oui, ça aurait pu être évité parce qu’on avait telle ou telle info ». Très souvent on a ce type de biais qui existe lorsque l’on saisi la justice et que l’on regarde, alors pas forcément des erreurs médicales, mais des situations où il s’est produit quelque chose au niveau de la santé, on se dit que nous aurions pu l’anticiper et c’est juste notre biais cognitif qui est à l’oeuvre.
En réalité, la plupart du temps, les personnes qui ont pris les décisions qu’elles ont prises, elles l’ont fait en connaissance de cause des éléments qui étaient en leur possession à cet instant là. A tout instant, nous prenons des décisions en tenant compte des éléments qui sont en notre possession, et en ayant un jugement qui soit le moins altéré possible, le plus juste possible, c’est le cas de tout être humain, mais c’est aussi le cas en particulier dans des milieux médicaux où il y a pleins d’informations qui circulent.
Je vous invite à vous informer sur le sujet des biais cognitifs si ce sujet vous intéresse, j’essaie de vous en faire un résumé, de vous expliquer à ma façon au lieu de vous en faire un exposé très scolaire, en préparant ce podcast je me suis aperçue que nous n’avions pas bien compris quels étaient les causes de ce mode de fonctionnement, mais l’une des pistes exploitées c’est que le cerveau ne serait pas vraiment capable de ne pas tenir compte d’une information. Si vous avez une information vous allez avoir envie de l’intégrer dans l’histoire, sans vous en apercevoir vous allez privilégier les théories qui tiennent compte rétrospectivement de cette information. Par exemple, si vous êtes en train d’avoir un diagnostic sur tout un tas de symptômes que vous avez (malheureusement, les personnes qui souffrent de maladie rare, elles ont souvent une période d’errance médicale à cause de ça, notamment à cause du biais rétrospectif, c’est sur que c’est désolant mais le fait est que les médecins sont des êtres humains comme les autres et eux aussi sont soumis aux biais cognitifs et notamment un biais rétrospectif et c’est plus difficile d’avoir un diagnostic qui est juste et pertinent lorsque l’on a déjà un dossier médical, parce que le médecin va arriver devant ce dossier médical et il va lire tout ce qui a déjà été proposé par les autres praticiens, tout ce qui a déjà été exploré, cela va créer un biais rétrospectif chez lui. C’est à dire que lui maintenant, il va tenter d’inclure ces informations dans le diagnostic qui va faire aujourd’hui, il va partir avec un biais de départ à essayer de trouver des symptômes qui valident ce qui a déjà été proposé en amont. Si le médecin a juste un check up de la personne sans son diagnostic préalable, il aura plus de chances de proposer un diagnostic qui sera plus juste. Et ce comportement est dû au biais cognitif.
Ce biais nous montre notre capacité à ignorer certaines informations, nous allons avoir tendance à retenir les thèses qui prennent en compte cette information et l’autre choses c’est que l’on reconstruit nos jugements de façon biaisée, c’est un peu ce que je disais : « je le savais depuis le début », nous avons une difficulté à nous rappeler du jugement que l’on avait initialement, de pourquoi nous avons pris telle ou telle décision, et aujourd’hui quand nous connaissons l’issue de l’histoire, nous allons reconstruire cette décision en essayant de la faire matcher avec l’issue actuelle. Très souvent nous allons nous créer de la culpabilité : « j’aurais pu/dû le savoir », alors qu’en réalité, à l’instant T nous n’avons tenu compte uniquement des informations que l’on avait à notre disposition et nous avons fait un choix sans connaître l’issue, évidemment lorsque l’on connaît l’issue on se dit que l’on aurait pu anticiper tout ça mais ce n’est pas vrai. Ce biais cognitif est là pour nous protéger de cette impression que l’on aurait que la vie c’est beaucoup le fruit du hasard, on ne peut pas tout anticiper, on ne peut pas tout prédire et ça c’est quelque chose qui nous fait très peur en tant qu’être humain. Surtout lorsqu’il se passe des choses tragiques, lorsque des personnes meurent, lorsqu’il y a des agressions ou des choses très graves, nous avons envie de pouvoir remonter à la logique qu’il se cache derrière et remonter le fil et trouver une causalité et être capable de le prédire pour l’avenir, ce serait rassurant, ça permettrait à notre cerveau de s’apaiser et de se dire que le danger est prévisible. La réalité est que ce n’est pas le cas, il y a une part de hasard, il y a des choses qui peuvent être prévisibles mais ça ce sont des choses dont on tient compte, dans notre quotidien, les médecins quand ils suivent un patient, ils notent de nombreuses informations à son sujet pour anticiper, dans notre quotidien nous avons accès à de nombreuses informations qui nous permettent d’anticiper d’éventuelles agressions, d’anticiper les problèmes de santé, mais en réalité il y a une grande partie de tout cela que l’on attribue au hasard.
En tant qu’être humain, ça nous effraie énormément. C’est normal, nous l’interprétons comme un danger imminent, c’est quelque chose qui n’est pas palpable pour nous et nous n’avons pas envie de cela. Nous avons tendance à surestimer la possibilité d’anticiper les choses parce que cela nous rassure.
C’est un biais cognitif qui est présent pour nous être utile, ça nous permet de nous sentir mieux, et d’être plus apaisé dans notre quotidien, c’est intéressant de le savoir afin d’en tenir compte.
Maintenant que l’on sait ça, cela va être important pour nous, uniquement par honnêteté intellectuelle, c’est pour cette raison que je fais ces podcasts, c’est juste pour nous aider à se rendre compte que l’on ne peut pas tout prédire, et être OK avec le fait que parfois nous allons prendre des décisions qui vont s’avérer ne pas être les meilleurs pour nous rétrospectivement et nous allons avoir tendance à vouloir se blâmer en se disant que cela aurait pu être anticipé, j’aurais pu savoir que j’avais telle ou telle information… En réalité ce n’est pas le cas, cela nous semble évident aujourd’hui parce que nous avons toute l’histoire à reconstruire, lorsque l’on s’aperçoit qu’on a un cancer du poumon et qu’on a fumé toute notre vie, cela nous semble évident, cela aurait pu être anticipé dans la mesure où l’on sait désormais que le cancer du poumon est beaucoup plus probable lorsque l’on a fumé, mais ce qui est intéressant de voir c’est que le biais cognitif ici il va rentrer en compte dans les deux cas, si la personne a eu un cancer du poumon ou si la personne elle n’en a pas eu, dans les deux cas on aurait pu dire que c’est anticipable, voir quelqu’un qui a fumé 10 ans de sa vie et qui s’est arrêté ensuite on lui dira : « oui mais il a fumé 10 ans de sa vie, c’est normal qu’il ait eu un cancer du poumon rétrospectivement », la personne qui n’en a pas eu un, on va lui dire « tu as bien fait d’arrêter de fumer sinon tu aurais un cancer du poumon et c’est pour cette raison que tu y as échappé ». Nous allons avoir tendance à expliquer rétrospectivement, quel que soit l’issue.
C’est là que c’est vraiment important de comprendre que notre cerveau à envie de nous emmener dans cette direction là naturellement et que l’on ne peut pas vraiment s’en affranchir.
Le but du jeu va être, maintenant que l’on a cette information en notre possession, que si je m’aperçois dans ma vie que je me culpabilise sur quelque chose qui a été fait dans le passé, comme par exemple le cas du mariage et au final ça ne marche pas, nous n’avons plus envie d’être en couple avec cette personne et on se dit : « j’aurais pu anticiper que tel trait de caractère allait poser problème, j’aurais pu anticiper certains comportements… » et aujourd’hui je me dis rétrospectivement que vu que je suis en possession de tous ces éléments, j’aurais pu savoir à ce moment là qu’il n’aurait pas fallu que je me marie avec cette personne, et qu’aujourd’hui j’aurais voulu autre chose. Moi ce que j’ai envie de vous proposer face à cette pensée c’est d’utiliser la connaissance de ce biais cognitif pour vous ramener à votre humanité, vous avez fait des choix à un moment donné, qui étaient basés sur les informations que vous aviez en votre possession, et vous imaginez que l’issue aurait pu être différente si vous aviez su l’anticiper alors qu’en réalité si c’était le cas vous l’auriez fait. Si vous décidez d’arrêter de fumer aujourd’hui c’est que vous savez que ça peut aggraver votre chance d’avoir un cancer du poumon. Votre vous du passé qui a décidé de se marier avec cette personne ne savait pas l’issue, et à l’heure actuelle, vous n’êtes pas en mesure de vous rappeler de votre jugement de l’époque, votre cerveau à tendance à altérer votre souvenir, à l’époque vous aviez une bonne raison de faire ce choix, vous aviez jugé que c’était une bonne raison de le faire. Savoir cela nous permet de nous ramener à notre humanité et d’être plus bienveillant vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis de ses décisions passées, et aussi de laisser partir les regrets, je pense que pour beaucoup d’entre nous, nous vivons pendant des années avec des regrets sur des décisions qui ont été prises alors qu’en réalité il n’y a pas de regrets à avoir et ces décisions étaient justes pour nous, nous avons pris des décisions basées sur ce que l’on connaissait à l’époque, et notre sensation que cela aurait pu être anticipé est fausse, c’est lié à un biais cognitif.
Connaître l’existence de ce biais cognitif peut nous éviter de culpabiliser vis-à-vis de choix passés en se dévalorisant alors que c’est juste le signe de notre humanité. Je conçois que cela ne soit pas très agréable de se rendre compte qu’on est limité dans nos capacités d’être humain, mais c’est notre réalité et c’est notre égo d’être humain qui est à l’oeuvre. L’égo c’est la partie de nous qui a envie de nous maintenir en vie, celle qui a envie de nous dire que l’on maîtrise la situation et que tout va bien et qu’on peut contrôler les choses, c’est cette partie là de notre cerveau qui a envie de nous dire qu’on aurait pu l’anticiper alors que ce n’est pas le cas. Tous ces biais cognitifs sont en réalité des protections de l’égo qui essaie de nous maintenir en vie, de nous maintenir dans cette situation tout en étant efficace, de faire que tout paraisse prévisible et qu’il n’y ait pas de danger alors qu’en réalité ce n’est pas le cas.
Ce que j’ai envie de vous proposer avec ça c’est que lorsque votre cerveau vous propose ce type de pensées : « j’aurais dû le savoir, j’aurais du anticiper », rappelez-vous que ce biais cognitif existe, d’être bienveillant avec vous-même et de vous ramener à votre humanité et de vous faire confiance et de vous dire qu’à chaque instant, quand vous prenez des décisions, elles sont basées sur les informations que vous avez et que vous allez forcément faire des erreurs dans votre vie, ces erreurs ne sont pas un problème, c’est la seule et unique façon d’apprendre, c’est même la seule façon d’apprendre d’un point de vue physiologique, c’est ce que l’on appelle l’essai/erreur, c’est OK. Quand nous sommes en train de prendre une décision à un instant donné, et que nous avons peur de se tromper, de juste se ramener à notre intuition, de se ramener à notre raisonnement logique, à nos émotions… De prendre en compte ces facteurs et de se dire qu’on fait de notre mieux à chaque instant et que nous sommes OK avec le fait que par moment nous ne prendrons pas toujours les meilleures décisions et que nous sommes humains et que nous avons de nombreuses choses qui entrent en jeu dans notre perception, et que nous sommes limités par notre capacité d’être humain.
Si vous avez envie de creuser davantage le sujet de l’égo, d’intuition, de comment choisir la voie vers laquelle on veut aller, si vous écoutez ce podcast parce que vous êtes intéressé par le sujet des biais cognitifs et que vous ne connaissez pas du tout le travail que je fais ici, peut-être que vous avez la croyance que la meilleure façon de prendre une décision dans votre vie c’est de le faire uniquement basé sur le raisonnement logique et de faire des décisions justes du point de vue d’un raisonnement factuel, et en réalité ce n’est pas forcément le mieux pour nous parce que nous ne sommes pas des êtres « factuels », j’ai fait des podcasts sur le sujet de l’ego, sur « la petite voix », savoir faire la distinction entre le choix lié à l’émotion et celui fait par rapport à un raisonnement logique et choix lié à l’intuition. L’intuition et l’émotion sont souvent confondus.
Si vous avez peur de prendre de mauvaises décisions pour vous, peur de cette sensation de regrets après coup, il y a de bonnes chances que ce soit votre biais rétrospectif qui soit à l’oeuvre et si vous avez envie d’anticiper ça il y a ces épisodes de podcast qui pourront vous y aider.
Je m’arrête là pour aujourd’hui avec ce podcast, je vous embrasse je vous souhaite une très belle semaine, un très beau week-end et je vous dis à vendredi prochain !
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