Retranscription écrite du podcast :
Bonjour à tous et bienvenue dans Se Sentir Bien, le podcast qui est là pour vous aider à devenir votre propre coach, je suis Esther Taillifet, coach certifiée et dans ce 145ème épisode nous allons parler de savoir être présent, se soutenir les uns les autres. Peut-être que vous ne voyez pas exactement là où je veux en venir avec un titre pareil et vous allez comprendre.
Ce podcast m’a été inspiré de l’actualité et des circonstances actuelles, vous savez qu’en 2020 nous sommes en train de vivre une période assez particulière à l’échelle de l’humanité et nous sommes tous ballotés par cette pandémie et là il est en train de se passer un mouvement énorme aux Etats-Unis, qui est en train de se diffuser partout dans le monde, ce qui est une bonne chose, à propos des vies humaines et de la discrimination raciale, du racisme, je ne pense pas que vous soyez passés à côté de l’information, si vous avez mis le nez dans les réseaux sociaux, c’était difficile de passer à côté du hashtag #blacklivesmatters et c’est une belle chose. Je trouve personnellement que c’est génial que les réseaux sociaux permettent la diffusion de l’information. Cette semaine, et depuis le dernier évènement qui a eu le 18 mai, c’est à dire la mort de George Floyd, mort entre les mains de la Police américaine à Minneapolis, il y a eu un mouvement autour de ça, personnellement j’ai des amis aux Etats-Unis, vous savez peut-être que mon compagnon a habité pendant 5 ans à côté de Chicago, j’y suis allée pas mal de fois et nous avons des amis communs qui sont là-bas, qui voient ce qu’ils se passent et qui sont très inquiets et qui le vivent au coeur de leur culture. Pour nous ce n’est pas forcément notre culture et c’est très intéressant de s’en rendre compte, vivre aux Etats-Unis en tant que personne de couleurs noire, ou de vivre en France en tant que personne de couleur noire, les problématiques systémiques ne sont absolument pas les mêmes, le racisme n’est pas du tout le même. Aux Etats-Unis nous allons avoir un racisme qui est différent, toutes les personnes qui sont de couleurs noires sont issues de l’esclavage et ce qui fait que cela créé des communautés où les personnes sont très soudées entres elles, et sont à la fois fières de nos origines tout en ayant la nationalité américaine, vous n’allez jamais avoir une personne raciste qui va dire « tu n’as qu’à rentrer chez toi », dans la mesure où toutes les personnes qui vivent aux Etats-Unis sont issues de l’immigration d’une certaine manière puisque les Etats-Unis n’a pas une histoire qui a des milliers d’années, tous sont issus d’une certaine colonisation, c’est extrêmement intéressant de voir que le racisme est différent. En France, la plupart des personnes racisées sont issues de l’immigration, ce qui fait que les problématiques sont différentes, la politique du pays va essayer de parler d’intégration, va essayer de faire en sorte d’effacer la culture, il va moins y avoir cet aspect communautaire même si il existe aussi, les problématiques sont très différentes.
J’espère que je les énonce bien, ce n’était pas mon objectif premier de parler de ces problématiques là mais face à ça, j’ai eu envie d’apporter mon soutien, comme beaucoup de personnes qui se sentent touchées par tout ce qui touche à la discrimination et lorsque l’on voit des personnes mourir de façon injuste, à moins d’être complètement insensibles, on est forcément touché, ça a été mon cas. Je me suis demandée comment je pouvais aider et je me suis rendue compte du mouvement sur Internet et du fait que certaines personnes le critiquaient en disant que cela faisait plus de mal que de bien, il n’y avait pas d’informations qui circulait avec des images complètement noires qui circulaient et ça ne permettaient pas de retrouver facilement l’information. Je suis blanche de peau, je suis blonde naturellement (rousse actuellement) et je peux vous dire que le racisme je ne l’ai pas du tout vécu pour ma part, même dans mes amis très proches, et ma famille je n’ai pas de personnes de couleurs ce qui fait que je n’ai pas une vraie connaissance du sujet, je ne me sens absolument pas légitime d’en parler, je n’aurais pas les mots, même aujourd’hui dans ce podcast je ne suis pas certaine d’avoir utilisé les bons mots mais vous connaissez mon intention dans ce podcast et je sais pertinemment que vous n’allez pas juger négativement les maladresses que j’aurais pu faire malgré moi, vous vous rendez bien compte dans la façon dont je m’exprime que ce n’est pas un sujet que je maîtrise, ce n’est pas un sujet que je connais. Mon idée était de me dire que je voulais donner la parole aux concernés et je me suis aperçue en le faisant, c’est à dire en contactant des amis américains pour leur demander d’informer sur le sujet, pour ouvrir un débat là-dessus, expliquer ce que c’est d’être une personne noire aux Etats-Unis, ce qu’il se passe, ce que représente ce mouvement, et le confronter à la situation en France etc… J’ai commencé à soumettre cette idée là autour de moi et je m’aperçois que pour l’instant ce n’est pas quelqu’un qui est accessible ou recevable. C’est à dire que les personnes actuellement concernées, qui sont noires de peau et qui ont vécus et vivent encore le racisme en ce moment sont juste en colère et non pas forcément envie d’informer, n’ont pas envie de venir nous expliquer des choses qui font partie de notre histoire commune et ils n’ont pas forcément l’espace pour ça et ils ont juste envie de pouvoir exprimer leur colère.
Ça m’a inspiré ce podcast parce que c’est quelque chose que j’ai rencontré à plusieurs reprises dans ma vie, ce sentiment d’avoir envie d’aider et de se rendre compte que l’aide en face n’est pas bienvenue, n’est pas de la bonne forme. C’est à dire qu’aujourd’hui, inviter une personne à venir s’exprimer et m’informer moi qui suis blanche, qui représente toute l’oppression, bien qu’à titre personnelle je ne suis pas l’oppresseur, parce qu’en réalité l’oppression est systémique et moi je suis un individu mais je représente ça malgré moi. Les personnes qui subissent ça de plein fouet ne veulent pas faire ça, peut-être que certaines le souhaitent de manière individuelle, mais collectivement elles ont juste envie de passer à travers ce qui est en train de se passer, envie d’exprimer leur colère et c’est normal. J’ai envie de proposer ici aujourd’hui que parfois, il faut juste savoir être là pour soutenir et ne pas chercher des solutions. Si vous êtes comme moi et que vous écoutez ce podcast, je pense que vous êtes quelqu’un qui aime trouver des solutions, qui aime avancer, qui aime être dans l’action. Et parfois, lorsqu’il arrive des choses injustes, et c’est le cas ici avec les atrocités qui sont en train de se produire aux Etats-Unis qui ne sont que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase si je puis dire, des histoires de personnes qui ont été tuées atrocement et injustement en étant innocentes, eh bien ce n’est malheureusement pas la première fois que ça arrive. Là pour l’instant, le meilleur soutien que l’on puisse être c’est d’être là et de se taire et d’écouter, et de laisser les personnes exprimer leur colère. Cette situation se produit très souvent, quand par exemple lorsque l’on apprend qu’un de nos proches est gravement malade, lorsque nous avons un proche en dépression, lorsque nous avons quelqu’un dans notre entourage qui ne va pas bien, quelle qu’en soit la raison, parfois on essaie de solutionner et même lorsqu’il s’agit de nous, on essaie de solutionner à tout prix, au lieu de simplement faire acte de présence, et savoir ne pas apporter de solutions si la personne en face n’en a pas fait la demande, et juste écouter, écouter la colère, exprimer la colère, la frustration, la tristesse…
Toutes les émotions qui doivent venir et même si je suis la première à vous dire que tout ce qu’il se passe dans le monde, y compris le fait qu’une personne meurt à tel endroit, à telle date et dans telles circonstances, cela demeure une circonstance. Mais cela ne signifie pas pour autant que nous sommes dans l’obligation, parce que c’est une circonstance, de se sentir bien parce qu’elle est neutre. Il y a de nombreux cas, lorsqu’il s’agit de racisme (je sais que nous partageons des valeurs communes sur ce podcast, la plupart d’entre nous allons faire le choix d’être triste, en colère, frustré… Je me sens complètement impuissante, désemparée, j’ai envie d’aider et je me rends compte qu’il n’y a rien d’autre à faire qu’être là et dans ces moments là, la meilleure chose que l’on puisse faire c’est de traverser l’émotion, de se dire qu’il y a des personnes qui sont en train de s’exprimer, d’exprimer leur colère et ils ressentent le besoin de le faire, il faut leur laisser l’espace de le faire. Parfois un ami qui est dépressif a juste envie d’être triste, il n’a pas envie qu’on lui trouve une façon d’aller mieux, il n’a pas envie qu’on lui dise qu’il ferait mieux de sortir de chez lui, il a juste envie de ressentir du soutien, quelles que soient les circonstances, et pas forcément de venir solutionner son problème à tout prix.
Je crois qu’aujourd’hui c’est le message que j’ai envie de délivrer aujourd’hui dans ce podcast : dans cette ère qui tend à proposer des solutions pour aller de l’avant, d’être constamment dans l’action, une ère que l’on pourrait qualifier de productiviste par moment, nous sommes dans cette forme frénésie dans la culture en France au moment où je vous parle, aux Etats-Unis, dans cette culture du « on avance, on ne se laisse pas abattre, on va de l’avant, on cherche des solutions », d’autant plus lorsque l’on est familier avec le coaching et l’auto-coaching, et avec tout ce que j’enseigne ici, c’est facile de se dire : « ok si je ne vais pas bien, je n’ai qu’à mettre ça de côté et aller mieux », en réalité ça ne fonctionne pas toujours. Parfois c’est sain et c’est même préconisé de se laisser traverser par l’émotion et même lorsqu’il s’agit de personnes en face de nous, de ne pas essayer de solutionner ce qui leur arrive mais de juste traverser l’émotion avec elle, d’être là en commémoration parfois avec la personne, d’être présent sous la forme du soutien.
J’ai envie de vous inviter à vous demander : « Comment peut-on soutenir aux vues des circonstances dans le monde, que l’on se sente nous-même concernés par la problématique parce qu’on l’a vit, que vous-même vous soyez victime de racisme au quotidien, comment vous pouvez être un soutien pour vous-même ? Et si vous n’êtes pas concernés, comment vous pouvez être un soutien pour les autres ? ». Je pense que dans un premier temps, juste être là, leur montrer que l’on est présent si ils en ont besoin de soutien, quel que soit la forme de ce soutien, c’est souvent une bonne façon de contribuer, j’ai mis longtemps à intégrer que c’était une bonne façon de soutenir à titre personnel. Je croyais l’avoir compris et j’ai encore commis certaines erreurs, pour l’instant ce n’est pas le moment, et je ne l’ai compris qu’après, le moment est à la colère, la tristesse, le recueillement, et si on va trop de l’avant cela s’appelle la fuite en avant, je vous en ai parlé sur le podcast, c’est une façon de ne pas avoir à vivre l’émotion, et on ne peut pas comprendre pleinement une problématique, on ne peut pas complètement se comprendre soi-même et comprendre les autres si on accepte pas de vivre l’émotion jusqu’au bout, aussi horrible soit-elle. C’est souvent lourd de sens et lourd en terme de symbolique, que parfois nous avons tendance à ne pas vouloir vivre l’émotion et que c’est juste le moment de le faire.
Posons-nous tous ensemble la question : « Comment peut-on être présent pour nous-même et pour les autres lorsque les circonstances sont telles, que nos pensées créent des émotions désagréables et que nous n’avons pas envie moralement de changer ces pensées là mais que nous avons juste envie de traverser l’émotion ? »
Et quelles solutions apporter lorsque le moment sera venu ?
Cela nous rappelle qu’en tant que citoyen il n’y a pas forcément assez d’information face à ce qu’il se passe pour ces communautés, notamment aux Etats-Unis. Je connais finalement très peu le sujet et en France ce sujet est très peu connu. C’est déjà un sujet que j’ai abordé sur ma chaine YouTube il y a quelques années, je me rends compte aujourd’hui que j’ai envie de faire davantage, parce que j’ai cette audience et que j’ai envie de contribuer sur ces thématiques en particulier. Cela s’applique bien évidemment à toutes les situations qui peuvent créer une émotion forte, là où il y a de la frustration, de la colère, de la tristesse, du désarroi… Lorsque vous apprenez que la personne de votre entourage qui vient d’apprendre qu’elle est atteinte d’une maladie grave, comment vous pouvez l’aider ? Etre là dans un premier temps pendant qu’elle vit la colère, la tristesse… Mais comment vais-je pouvoir l’aider dans un second temps ? Comment j’ai envie de contribuer ?
Ce qui va être important également, ce n’est pas non plus d’être dans le sacrifice et de le faire parce que l’on pourrait attendre socialement de vous, que vous soyez en soutien vis-à-vis de votre maman parce qu’elle vient d’apprendre qu’elle a un cancer, et de vous demander et de vous dire, en toute transparence et honnêteté, comment vous avez envie d’être là ? De quelle manière ? Qu’est-ce qui est juste pour moi ? De ne pas être dans le sacrifice mais plutôt de faire des choix d’actions qui proviennent d’un véritable amour, et de vous dire : « de quelle manière j’ai envie de contribuer ? » et de ne pas vous forcer à faire des choses parce que c’est ce qui serait attendu de vous alors que ce n’est pas forcément la meilleure façon de contribuer. Cela ne signifie pas que vous êtes une mauvaise personne si vous ne voulez pas faire ce qui est attendu lorsque l’on apprend que sa mère est atteinte d’un cancer, c’est à dire venir chez elle quelques jours pour prendre soin d’elle, peut-être que vous n’avez pas envie de faire ça parce que ça ne serait pas juste pour vous. En faite, vous avez peut-être envie de faire autre chose pour elle, par exemple l’emmener faire du shopping avec elle et lui permettre de vivre ça alors qu’elle est affaiblie, plutôt que de rester chez elle toute la journée avec elle. Il se trouve que si vous lui posez la question, cette personne a besoin des deux et elle a déjà des personnes qui peuvent l’accompagner toute la journée, et qu’elle serait très heureuse de faire du shopping avec vous.
Ce que je veux vous proposer ici comme vision des choses, si vous avez envie de vous l’approprier, c’est vraiment de vous dire : ce n’est pas parce qu’il se passe des choses horribles et qu’il y a d’autres personnes qui vivent des choses horribles et que vous avez envie d’être présent que cela est synonyme d’être dans le sacrifice. Posez-vous la question, posez-nous tous ensemble la question, comment je peux être là en faisant un choix qui est dicté par l’amour et non par le sacrifice.
Ce n’est pas que ce n’est pas bien d’être dans le sacrifice même si c’est quelque chose que l’on a appris socialement, mais si nous sommes dans le sacrifice nous ne serons jamais pleinement là, il y aura toujours une part de nous qui sera résignée alors que si on le fait en étant pleinement nous, en faisant des choses que l’on a réellement envie de faire, on va juste apporter plus, être plus créatif, être plus présent, et être juste plus abondant dans notre façon de donner aux autres.
Je m’arrête là pour aujourd’hui, je vous souhaite un excellent week-end, une excellente semaine et je vous dis à vendredi prochain !
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