Bonjour à tous et à toutes et bienvenue dans Se Sentir Bien, le podcast qui est là pour vous aider à devenir votre propre coach, je suis Esther Taillifet, coach certifiée et dans ce 176ème épisode nous allons parler d’audace. Est-ce que vous aussi vous avez noté le changement du début d’intro ? Est-ce ça vous fait bizarre à l’oreille ? Je suis certaine que oui, si tout comme moi, l’introduction du podcast sonne comme une petite musique tellement vous l’avez entendus, c’est une auditrice qui m’a fait remarquer que mon introduction était sexiste, et je me suis dis qu’elle avait tellement raison. Donc dorénavant nous allons dire « bonjour à toutes et tous ». Il va falloir s’habituer à cette nouvelle musicalité.
Aujourd’hui nous parlons d’audace et je suis tellement heureuse d’aborder ce sujet en particulier. La raison pour laquelle je vous parle de ça aujourd’hui, c’est parce que ce matin je me suis posée la question, au moment où je commençais à planifier l’enregistrement de ce podcast, je peaufinais l’écriture, j’ai souvent plusieurs épisodes en cours d’écriture, il y a un moment où l’écriture est à maturité, je me dis que j’ai envie d’en parler maintenant et j’en parle maintenant. Je me suis dit que si je devais ne plus faire d’épisodes sur ce podcast, si aujourd’hui j’enregistrais le dernier épisode de tout le podcast, j’aurais envie de parler de quoi, ça m’a renvoyé à la mission de SSB, c’est ce message d’oser. Je sais que ce message est en tâche de fond dans tous les épisodes, puisque c’est quelque chose qui m’anime, quelque chose que j’essaie d’incarner au mieux, d’aller dans la direction du « oser être soi », aller vers sa vulnérabilité, aller vers l’authenticité, c’est quelque chose auquel je tiens beaucoup. Je mme souviens notamment d’un épisode où j’ai parlé d' »Oser voir grand », c’est un épisode que j’aime beaucoup donc si vous ne l’avez pas écouté, je vous encourage à aller le rechercher, j’avais envie de vous parler d’audace et de vous expliquer ce que j’entends par là, pourquoi je veux vous parler de ce sujet là, pourquoi c’est important pour moi l’audace, et pour ça j’ai envie de vous raconter deux histoire qui se complètent et qui se suivent, j’ai envie de vous raconter comment je suis arrivée en doctorat d’astrophysique, ça date maintenant, ce sont des belles histoires qui montrent bien que souvent, ce n’est pas tant une histoire de talent, de mérite, de légitimité, c’est beaucoup plus une histoire d’audace, une histoire de confiance en soi, de tenter les choses, de juste essayer, et de se dire que de toute façon on s’en fout, on va tous mourir (friendly reminder), je sais que ça peut sembler un peu stupide dit de cette manière mais c’est la réalité, nous allons tous mourir, dans pas très longtemps à l’échelle de l’univers, toute chose à une fin, aucune émotion est insurmontable et le pire qui puisse arriver c’est l’humiliation, si je n’essaie pas il est certain que je n’y arriverais pas.
1ère histoire
Comment j’ai obtenu mon stage de master 2 ?
Je reviens d’Erasmus en L3, ma L3 je l’ai fait à Rome en Italie, je suis en licence de physique à ce moment là, j’arrive à Grenoble pour des raisons personnelles avec mon copain de l’époque on se retrouve à Grenoble alors que ce n’était pas une ville où je comptais faire une partie de mes études, disons que je me balade un peu à ce moment là parce que l’année que j’ai fait à Rome a été très intense. Durant toute ma scolarité, j’ai été l’étudiante moyenne, quand je dis moyenne, c’est que j’avais entre 10 et 11/20, j’avais pas 13/14, ni 15/16/17, ça s’est confirmé à la fac, j’ai eu ma première année de fac de justesse avec des rattrapages, idem pour ma deuxième année de licence. Et en ce qui concerne ma troisième année de licence à Rome, j’ai beaucoup travaillé pour pouvoir avoir ma licence, pour pouvoir rentrer dans le master que je voulais, à l’époque je pensais faire un master de physique à Lyon, et j’ai eu une très bonne moyenne en L3, j’ai été avantagée à l’équivalence, mais ce qui n’empêche que j’ai eu malgré tout une très bonne moyenne, je devais avoir 13/14 sur 20 et ça a été traduit en 16/17 sur 20, mais ce n’était pas vraiment la valeur de ma moyenne sur place, ça restait malgré tout une très belle moyenne. Je me suis retrouvée (en France les notes sont sur 20 alors qu’en Italie elles sont sur 30), ce n’est pas équivalent. Peu importe.
J’arrive à Grenoble avec de bonnes notes, avec un bon background de physique après mon année en Erasmus, je me balade en M1 et je me dis que malgré tout mon dossier n’est pas formidable et que je vais avoir des difficultés à aller en filière d’astrophysique, je visais le M2 de Paris, je ne savais même pas qu’il y en avait un à Grenoble. Je ne sais pas si vous le savez mais l’astrophysique, j’ai entendu toute ma vie : « j’aurais adoré faire ça, j’ai toujours voulu faire ça », et en dans le même temps j’ai toujours entendu des gens dire que ça avait la réputation d’être hyper sélectif, et toute ma scolarité, lorsque j’avais 10 de moyenne, je n’osais pas dire que je voulais faire un doctorat en astrophysique, j’avais peur que l’on me rie au nez. A l’époque, j’avais une énorme confiance en moi, je savais que j’étais capable de déplacer des montagnes et j’avais même envie de me le prouver à moi-même, comme une sorte de challenge à relever, mais je n’avais pas beaucoup d’estime de moi, je n’avais pas très envie de me dire que j’étais une ratée, parce que j’allais avoir du mal à suivre à ça.
En faite, lorsque l’on me demandait ce que je voulais faire, je me taisais, j’évitais le sujet, je parlais d’enseignement parce que c’était la chose socialement admise de dire ça, pour une femme, tu dis que tu veux être enseignante et que tu aimes les enfants et on te fout la paix socialement parlant. Du coup j’arrive dans ce M1 et je me disais qu’il allait falloir que je boostais mon dossier si je veux pouvoir aller en M2.
Je vais surtout vous parler de comment j’ai réussi à obtenir mon stage de M1.
En M1, j’avais la possibilité de faire un stage, je me disais que c’était ma chance, il fallait que je fasse quelque chose pour que mon dossier sorte du lot. C’était déjà ce que j’avais initié avec l’année de L3 à Rome, c’est à dire explorer une troisième langue au lieu d’aller dans un pays anglophone, le but pour moi était de montrer que j’étais capable de parler plus d’une langue et d’avoir quelque chose de plus dans mon dossier à ce moment là. J’essayais de bétonner mon dossier par ma motivation, par l’originalité du dossier, parce que je me disais qu’au niveau des notes, les deux premières années ne volaient pas très haut, la troisième année était mieux mais ce n’était pas incroyable on va dire.
Je me souviens qu’au détour d’une conversation en début de M1, un mec de ma promo (je ne lui ai jamais dit d’ailleurs), il me dit, sur le parvis de l’entrée de la fac : « moi ça me plairait trop de faire un stage à Hawaï, j’ai des contacts d’un chercheur que j’ai eu par l’intermédiaire d’un autre stage, j’ose pas demandé ». Je ne sais pas si vous le savez mais à Hawaï il y a de grands télescopes, c’est un endroit mondialement reconnu pour ça, il y a des observatoires sur « Big Island » et dans le désert d’Atacama aussi (au Chili), ce sont deux endroits extrêmement reconnus et réputés dans le domaine de l’astrophysique. Moi dans ma tête je me dis qu’Hawaï dans un dossier, c’est impressionnant.
Là, rien que d’avoir entendu ce mec parlé d’Hawaï, j’ai pris la décision que j’allais postuler à Hawaï, alors que je ne connais personne là-bas.
Je n’ai pas de CV en anglais, je reviens d’Italie, donc en faite dans ma tête il y a de l’italien et non de l’anglais, j’ai la sensation de ne plus être en mesure de parler anglais. Ce qui est bizarre c’est qu’avant de partir en Italie je maîtrisais mieux l’anglais que l’italien, et la tendance s’est inversée. Aujourd’hui je maîtrise plus l’anglais que l’italien même si je parle correctement les deux langues. A ce moment-là, je prends cette décision et j’écris mon CV. J’ai la chance d’avoir un frère qui vit en Angleterre, donc je lui envoie mon CV pour qu’il me le corrige, j’écris une lettre de motivation et tenez vous bien, j’inonde les chercheurs de tout l’archipel. C’est à dire que je ne sais même plus combien j’ai pu envoyer de CV, je me souviens que j’étais devenue comme une sorte de robot. Je me souviens de la peur que j’avais en faisant ça, j’allais sur des sites, je ne comprenais pas vraiment ce que le mec faisait en matière de recherche, j’essayais une manière d’écrire un email qui montrait que je comprenais ce que le mec faisait, et j’essayais de lui dire que je trouvais que ce qu’il faisait était cool en quelques sortes. J’essayais de faire un email personnalisé en me disant que ce n’était pas très grave s’ il y avait des fautes d’anglais, le mec verra la motivation et je me disais que j’allais faire la différence par ma motivation et que j’avais quelque chose à apporter. Dans ma lettre de motivation (que j’avais envoyé à tout le monde), ce que je faisais c’est que j’envoyais un court email en plus de ma lettre de motivation et de mon CV, dans la lettre de motivation j’avais écrit quelque chose de très audacieux :
« Je sais bien que je ne suis qu’une étudiante de M1 et que je n’ai pas grand chose à apporter mais je suis débrouillarde, j’ai pas peur, donnez moi un livre de 1000 pages à lire, je le lirais ».
J’ai inondé l’archipel de candidatures et dans la foulée je me suis dit : « pendant que j’y suis, je peux envoyer ça au Chili aussi » (tant qu’on y est), j’ai dû envoyer une cinquantaine de candidatures (à minima). Le lendemain, j’avais une réponse positive pour Hawaï.
C’était pour un stage d’astrophysique solaire.
Si vous n’êtes pas astrophysicien, il est possible que cela ne vous parle pas, mais dans l’astrophysique, quand tu t’y intéresses vraiment, le soleil c’est un peu le dernier truc auquel tu prête attention on va dire. T’as envie de ciels profonds, t’as envie de galaxies, t’as envie de supernovas, de trous noirs, de trucs comme ça… Moi ma passion c’était plutôt les planètes, mais disons que l’astrophysique « de jour », c’est un peu le truc le plus barbant on va dire.
Je me disais que le sujet ne m’intéressait pas (la couronne solaire), mais c’était à Hawaï.
C’était un grand télescope à Hawaï donc qu’est ce que je fais ?
Et le mec me dit que ça l’intéressait, qu’il avait besoin d’un stagiaire, il essayait de faire des tests pour un prochain télescope, par contre je n’ai pas de financements mais je peux t’héberger, te donner accès à une voiture, mais je n’ai pas de financement de prévu pour te payer et il faut que tu te débrouilles pour venir. J’ai répondu : « pas de problèmes, je suis très intéressée, c’est hyper intéressant comme sujet », alors qu’en réalité je n’y connais rien en astrophysique solaire, ça te demande de connaître des choses sur la physique magnétique, à tout ce qui touche à l’électricité et à l’électromagnétisme, et moi c’était vraiment la partie de la physique pour laquelle j’étais la moins bonne. Je me suis dit que j’allais dire oui, et il se trouve que j’avais aussi eu une réponse positive de la part du Chili, j’avais déjà accepté l’autre stage, tout est allé très vite, il s’est écoulé 4 ou 5 jours entre le moment où mon pote a parlé d’Hawaï et le moment où j’ai obtenu mon stage. J’avais eu un entretien avec le mec au téléphone, pour pouvoir parler du stage, pour voir si ça me convenait, et je me souviens que c’était sur Skype et qu’avec le décalage horaire, il était 6h du matin en France. On avait validé le contrat etc… Il fallait que j’obtienne un visa J1 comme il s’agit des Etats-Unis. Et moi je n’en revenais pas, je me disais qu’avec un CV et un entretien j’avais un stage, c’était aussi simple que ça.
Je me souviens que c’est la première fois de ma vie que je me suis dit : « mais c’est juste une histoire de mettre ses corones sur la table », parce qu’en réalité je ne connais rien à l’astrophysique solaire à ce moment là, j’étais étudiante, je savais que j’allais en chier, qu’il allait falloir que je lise des livres, qu’il allait falloir que je monte en compétence pour comprendre ce qu’il va me raconter, et comprendre ce que je vais devoir faire pendant ce stage. Mais je ne doute pas de mes compétences, dans le sens où je me dis : « ok je n’ai pas encore le niveau, mais je vais l’atteindre, je vais me débrouiller pour l’avoir ». J’y vais vraiment à l’audace.
La différence entre les personnes qui ont un stage à Hawaï et ceux qui n’en ont pas, c’est que ceux qui sont en stage à Hawaï l’ont demandé.
C’est une erreur que l’on fait souvent, on pense que les gens vont nous repérer, que ce soit au niveau professionnel que personnel. En amour, on attend que ça nous tombe dessus : « j’attends de rencontrer l’homme/ la femme de ma vie », et en réalité, il s’agit de beaucoup de choses que l’on provoque. Évidemment, nous ne partons pas tous avec les mêmes chances, vous le savez je vous en parle souvent, mais beaucoup de choses sont en lien avec notre capacité d’attraper les opportunités au vol et à les créer.
Je me rappelle de la tête de mon pote, quand dans l’amphi, j’étais dopée à l’adrénaline, j’étais debout depuis 6h du matin où je venais de faire un entretien, j’ai un contrat à faire signer à la fac, qui stipule que j’ai un stage à Hawaï, en plus je me souviens qu’en plus, la discussion que l’on avait eu avec ce mec c’était environ une semaine auparavant. Je me rappelle de ce qu’il m’avait dit : « mais c’est tellement injuste, c’était mon rêve de faire un stage à Hawaï ». Il y a une part de moi qui s’est sentie coupable dans le sens où c’était son idée au départ, sans lui je n’y aurais pas pensé, je ne lui ai pas non plus volé son stage, il pouvait toujours demander à la personne qu’il connaît sur place s’il pouvait effectuer un stage là bas, et en même temps, c’était grâce à lui que j’avais eu l’idée. Je pense que sans qu’il le dise, jamais j’aurais pensé qu’il aurait été possible pour moi de faire cette demande là.
C’était l’une des premières fois où j’ai fait preuve d’audace.
2ème histoire.
La deuxième fois où j’ai fait preuve d’audace, une fois que j’ai eu mon master 2 à Grenoble, je crois que le M2 existe toujours d’ailleurs (en recherche), à l’époque il s’appelait « Astronomie et mieux dilués ». Il a évolué depuis, j’adorais ce labo, j’ai passé l’une des plus belles années de ma vie, je n’ai jamais autant bossé de ma vie mais c’était un vrai kiffe à titre personnel. Je me retrouve en M2 et je réalise à ce moment là que je suis réellement en train de faire de l’astrophysique, c’est trop cool d’y penser, on m’avait toujours dit que ce serait difficile et en réalité j’y suis et là je me dis que je veux faire un doctorat, et clairement, je ne suis pas mauvaise en M2 mais je ne fais pas partie des meilleurs élèves, on est 12 et je suis arrivée 12ème de la promo, fair enough. Dans ces moments-là, dans notre université à Grenoble, il y avait à ce moment-là 5 masters de recherche et donc 5 bourses de thèse et il était d’usage que le jury donne environ un financement par master. Ce n’était pas une règle absolue, mais vous saisissez l’idée. En gros, si tu n’étais pas major de promo tu n’avais pas de bourse de l’Etat. On voit très bien comment va se dérouler le classement tout au long de l’année, je voyais bien qu’on me disait qu’il fallait que je songe à un deuxième master, à une reconversion, et moi dans ma tête je me disais que j’avais envie de faire un doctorat, je savais que je n’avais pas les meilleures notes mais malgré tout, je savais que je pouvais être une bonne chercheuse, je voulais le faire.
Moi, les planètes, ça a toujours été mon truc. C’était là-dedans que je voulais travaillé, en M1 j’avais même fait de la bio, dans le but de faire de la planétologie, géologie, et en réalité je me suis réorientée en physique, pour vraiment faire de l’astrophysique, c’est juste que j’avais fait de la bio de peur de pas être assez bonne à l’école pour aller en physique (qui avec le recul est complètement absurde), mais à l’époque c’était le raisonnement de la mois de l’époque, la moi de 18 ans qui avait peur de ne pas être assez légitime, de ne pas avoir d’assez bonnes notes pour prétendre aller faire des maths et de la physique en se disant : « si je fais de la bio ce sera plus facile et plus accessible ». Passons. Je me retrouve à faire de la physique, et j’ai un cours en M2 qui me « mind blow », qui est un cours sur la formation planétaire, jusqu’à présent, j’avais toujours été passionnée par les planètes, notamment les géantes gazeuses, c’était quelque chose qui me passionnait, d’essayer de comprendre la dynamique des planète, comment cela se fait qu’il y a tel ou tel éléments, comment cela se fait qu’il y a des planètes qui ont des anneaux et d’autres pas d’anneaux… C’était un truc de dingue dans ma tête, et avec ce cours sur les formations planétaires, Monsieur Jean-Charles Augereau, si vous écoutez ce podcast, tu as été une vraie révélation dans ma vie professionnelle et je suis allée le tanner tout au long de l’année scolaire, jusqu’au moment où il me dit : « mais pourquoi tu ne fais pas un stage dans ce domaine là ? », lui ne pouvait pas me prendre en stage mais il me recommande un ami à lui à Paris, je me retrouve à tanner cet ami à son tour pour obtenir un stage, et lui me disait qu’il avait déjà un stagiaire qui avec déjà une bourse de thèse pour ce stagiaire, je me vendais en disant que j’étais très autonome, que j’allais moi-même proposer mon sujet, pour moi c’était un terrain de jeu, si je pouvais ne pas prendre un stage déjà existant. En M2 (si vous ne le savez pas), il s’agit du stage de fin d’études, ça doit être un stage de recherche, avec un projet de recherche qui doit durer quelques mois. Je me disais que c’était une opportunité géniale pour proposer mon propre sujet, c’est moi qui doit faire mon sujet et ça va être exactement ce que j’ai envie d’étudier, et j’insiste. Je me souviens que, celui qui est devenu mon directeur de thèse par la suite :
« Tu m’as fait planer avec ton audace »
Avec cette certitude avec laquelle tu savais que tu allais pouvoir le faire.
Je ne me suis pas me laisser me dire : « je suis 6ème de ma promo, je n’y arriverais pas », et pourtant j’en ai eu des moments de syndrome de l’imposteur, mais en réalité, je savais que sur le terrain, j’étais une bonne chercheuse, c’était juste qu’en condition d’examen, je suis dyslexique, j’ai un souci avec la gestion du temps, je perds mes moyens, et il y avait pleins de raisons pour lesquelles je n’étais pas performante en condition d’examen. Si on m’avait à l’oral on voyait mon vrai niveau, et c’est pour cette raison qu’en Italie j’avais performé, en Italie vous faites d’abord une épreuve écrite, et ensuite si vous avez la moyenne à l’écrit vous avez un oral, et à l’oral vous avez un examen qui évalue si vous avez compris le cours. Il y a une discussion scientifique avec vous, ce que je trouve passionnant et à la sortie de cet examen, il descend ou monte votre note, si vous étiez juste quelqu’un qui avait tout appris par coeur, et qui avait eu 30/30 à l’examen et vous pouvez tout à fait repartir avec un 24/30 parce que le prof s’est rendu compte que vous appliquiez bêtement sans trop avoir compris. Je suis revenue avec de bonnes notes parce que je comprenais les cours, mais j’étais incapable de performer en condition d’examen avec le système français, et c’est d’ailleurs l’histoire de ma vie, ne vous en faites pas, si vous êtes dans ce cas là, l’école ce n’est pas fait pour tout le monde pour de nombreuses raisons et dans mes modes de fonctionnement intrinsèques cela ne me correspondait pas. J’avais confiance envers le fait que je n’étais pas bête, que j’allais y arriver et que j’avais des choses à apporter et surtout que j’avais envie de faire de la recherche. Il m’a pris en stage, en me disant : « demande une bourse de thèse à Paris », même combat que pour les bourses d’études de Grenoble, il n’y a que quelques bourses de thèses et si tu n’es pas major de promo, et en plus si tu ne viens pas d’un master en provenance de région parisienne, c’est encore plus compliqué.
J’ai eu une chance incroyable à ce moment-là, l’étudiant qui était en stage en même temps que moi sur un autre sujet, a finalement décidé d’arrêter la recherche. Il a décidé que cela ne lui convenait pas, c’est quelque chose qui arrive régulièrement lorsque vous faites un stage dans un domaine dans lequel vous avez fait vos études, parfois vous vous rendez compte que ce domaine ne vous correspond pas au final. C’est à ça que servent les stages et c’est plutôt une bonne chose professionnellement. Mon directeur s’est retrouvé avec une bourse de thèse, le truc c’est que cela ne portait pas sur le sujet sur lequel j’avais travaillé, c’est à dire qu’il fallait que je me reconvertisse sur ce sujet là, qu’il fasse passer mon dossier dans la mesure où c’était une thèse pour laquelle il avait déjà obtenu le financement, ce qui signifie qu’il n’y avait même pas de compétition à avoir pour obtenir ce financement. Si le labo validait mon dossier, il disait que j’avais des notes suffisantes pour me donner le droit d’entrer à l’école doctorale, et même en étant 6ème de promo, j’avais malgré tout 13 de moyenne sur mon M2, ce qui est malgré tout très bon pour un M2, j’avais surtout exceller en stage de recherche, il n’y a pas d’examens, mais nous sommes notés sur notre travail de recherche, notre capacité de synthèse, d’analyse… qui sont vraiment utiles dans le cadre du métier de chercher, j’avais eu une note excellente au stage, et l’école doctorale a validé mon dossier sans trop d’hésitations. J’ai donc soutenu ma thèse avec ce directeur, j’ai soutenu ma thèse en 2014, j’ai eu mon doctorat à ce moment-là, aujourd’hui je suis docteur d’astronomie et d’astrophysique de l’école doctorale de Paris. Ça fait bien dans les soirées mais en soit cela ne me sert à rien parce que, comme vous le savez, je me suis reconvertie en tant que coach, je suis avant tout créatrice de contenus, entrepreneure, coach, artiste mais aussi astrophysicienne, et ce n’est qu’une des cordes à mon arc, mais ce n’est pas la chose que je fais majoritairement dans ma vie.
Ce que j’ai surtout envie de vous transmettre par le biais de cette histoire, c’est que ce qui a fait la différence, ce n’est pas que j’avais particulièrement plus de talent que quelqu’un d’autre, ce n’est pas que quelqu’un est venu me chercher dans ma grotte, et est venu me repérer et me dire : « mais tu es géniale Esther, je t’ai vue, tu es l’élue ». Non. Ce qui a fait la différence c’est qu’à un moment donné j’ai aligné les actions, et je me suis juste dit : « en vrai meuf : t’as rien à perdre, demain tu vas peut-être mourir, tu as envie de faire ce truc, te pose pas 36 000 questions », je me souviens m’être dit, notamment pour la bourse de thèse, j’avais vraiment pleins de pensées : « je ne suis pas légitime etc… », j’ai eu ces pensées là parce que j’avais des potes qui étaient 2, 3 ou 4ème de ma promo, et si nous ne sommes pas 1er de promo, il est quasiment inenvisageable d’obtenir la bourse de thèse. J’avais ces collègues de master que j’adore, avec une promo aussi petite, nous avions passé une super année ensemble, nous avons fait un voyage dans le sud de la France, à faire des observations dans un observatoire du sud de la France, c’était génial… Nous avons tissés des liens forts pendant cette année là et je les voyais ne pas avoir de bourse, je les voyais envisager des reconversions, postuler pour d’autres M2, pour faire quelque chose de plus professionnalisant, et il y avait une part de moi qui me disait que je n’étais pas légitime, je me disais que c’était le second de promo qui aurait du avoir cette bourse… Et pas moi. Ce qui est fou c’est que la différence entre eux et moi, c’est que moi j’y ai cru. Je ne me suis pas prise au sérieux, je me suis dit que c’était un jeu, ce sont les règles du jeu, ce sont les cartes que j’ai en main, à ce stade de toute façon nous sommes tous brillants. Je ne dis pas ça pour s’envoyer des fleurs, mais quand tu es 12 dans ce type de promo, tout le monde a un bon niveau en réalité. Il y a un moment donné où tout le monde est compétent, on était tous capables de faire une thèse, on était tous capable de faire un super travail de recherche à ce stade, ce n’est pas une question de mérite, et surtout je me suis dit que ce n’était pas moi qui décidait si j’étais méritante ou non, il y a un jury qui est là pour en juger, pour valider que j’ai le droit ou non à cette bourse, et s’ils m’estiment non compétente, je n’ai pas pris le place en faite. Je ne me suis pas sentie légitime de décider si mon dossier valait le coup ou non. Je me suis juste dit : « Qu’est-ce que tu veux dans ta vie ? ».
Je crois que ce qui m’a toujours sauvé la vie en quelque sorte, c’est de toujours avoir l’audace d’aller chercher mes rêves, et de me dire que le simple fait de réaliser ce rêve, c’est légitime et j’ai le droit d’aller le chercher.
Et oui, il y a pleins de gens qui sont plus talentueux, qui sont excellents, qui ont plein de mérite et qui n’obtiendront jamais ce que j’ai obtenu, parce qu’eux n’iront jamais faire les actions. Je suis la première à attendre et à me dire : « j’aimerais bien qu’on me répète, qu’on m’invite à tel émission, j’aimerais bien qu’on voit que ce que je fais a de la valeur », mais en faite ça ne marche pas de cette manière, c’est à nous d’aller chercher, c’est à toi de croire en toi en premier.
Personne ne va venir te sauver, personne ne va te dire à quel point tu es génial-e, personne va venir te repérer, ce n’est pas de cette manière que ça marche, c’est à toi de mettre en place les actions, et là où tu n’es pas compétent, tu vas te prendre des échecs, et ce n’est pas grave. Des échecs j’en ai pleins, j’ai été recalée à l’ENS, j’ai postulé, j’ai passé les concours et j’ai fini par être recalée, parce que je n’étais pas assez bonne. Je n’avais pas le niveau et ce n’est pas grave, on se remet très bien de ces choses là. Ce n’est pas notre travail de décider de ça, notre job c’est de mettre les actions en place.
Ce que j’ai envie de vous proposer dans ce podcast aujourd’hui, et je crois que c’est le message, si je devais dire une seule chose :
« La différence entre les gens qui vivent une vie qui leur ressemble et qui sont accomplis, et les autres, c’est le fait d’avoir l’audace d’aller chercher ce que vous voulez ».
De juste y aller, de ne pas se poser un milliard de questions, de ne pas se dire : « Je suis prétentieux-se de croire que je pourrais atteindre tel objectif », on pose son cerveau, et croyez-moi, je suis la première à réfléchir beaucoup trop, je pense que nous en sommes à 175 épisodes de plus de 30 minutes chacun, où je vous raconte le bordel qui se trouve dans ma tête. Je pense beaucoup, mais juste poser son cerveau et se demander de quoi on a vraiment envie, et y aller, et de se dire qu’au pire : « je me prends une porte fermée, au pire je me rétame parce que je n’avais même pas vu que je n’avais pas les compétence nécessaire », mais ce n’est pas grave. Ok je suis ignorant-e, et alors ?
Quel est le pire qui puisse arriver ?
Que tu n’y arrives pas ? C’est déjà là où tu en es actuellement.
Avoir l’audace de croire en soi, être son premier fan. Cela ne signifie pas « se prendre pour qui l’on est pas », il n’est pas question de ça. Quand j’étais en stage à Hawaï, des manuels de « comment faire de l’électromagnétisme » j’en ai lu, parce que j’étais une brêle dans ce domaine et à la fin de ce stage, j’ai passé des heures dans la coupole en pleine journée, parce que c’est lorsque le temps est dégagé qu’on peut observer le soleil. J’ai foutu le feu à la coupole par mon incompétence, parce que je n’avais même pas réalisé le fait que si tu pointes le soleil avec un télescope, que tu focalises toute la lumière sur un point, c’est très chaud, j’en ai fait des bêtises, j’ai appris sur place, je n’ai pas prétendu être quelqu’un que je ne suis pas, je me suis dit que j’étais en mesure d’apprendre. Et si je ne le suis pas, je suis ok avec le fait d’échouer. Ce n’est pas grave.
Ayez l’audace, osez, le pire qui puisse arriver c’est que vous en soyez au même point où vous en êtes actuellement.
Je pense que c’était le bon moment pour faire une piqûre de rappel à tout le monde, surtout au cours d’une année comme celle-ci où l’on attend que les circonstances nous sourient, les circonstances ne vont pas vous sourire, ce n’est pas leur but ni leur rôle. Les circonstances vont vous présenter des opportunités, c’est certain, mais c’est à vous de mettre les actions en place, c’est à vous d’aligner les actions les unes à la suite des autres.
Je m’arrête là pour aujourd’hui, je vous embrasse, je vous souhaite une excellente semaine, un excellent vendredi et je vous dis à vendredi prochain !
Mon dieu ce podcast Esther!!! Comment te dire à quel point tu m’as reboostée, redonné de l’espoir, rappelé à quel point j’avais toutes les clés en moi!! Ce podcast m’a fait l’effet d’un rayon de soleil, d’un déconfinement, de tout ce que tu veux!! Je viens de l’envoyer à tous mes élèves de terminales (pour rappel je suis prof d’anglais) et je pense que tu vas tellement les aider aussi (ils sont paumés les pauvres avec les histoires de crise sanitaire + choix d’orientation) en leur apprenant qu’ils ont tout en eux!! MERCI MERCI MERCI!!!
J’écoute tous les épisodes depuis quelques mois, 3 ans après leur diffusion. Et aujourd’hui, le podcast qui parle de l’audace le jour de ma deuxième séance de bilan de compétences pour me reconvertir…. Wahou quel declic, il tombe à pic!
Merci pour tous ces messages qui le parlent et m’ouvrent l’esprit.
Bonjour Aurélie ! Bienvenue ici. Je suis ravie que tu décrouves le podcast à un moment où cela te sert. C’est trop chouette !