Retranscription écrite du podcast :

Bonjour à tous et bienvenue dans Se Sentir Bien, le podcast qui est là pour vous aider à devenir votre propre coach, je suis Esther Taillifet et dans ce 88ème épisode nous allons parler de dissonance cognitive.
Ça nous est tous arrivé je pense de croire certaines choses, d’avoir de belles idées, des choses que l’on pense justes et d’agir en désaccord avec ces idées là. Par exemple : « j’ai envie d’avoir une vie minimaliste, je trouve vraiment cela bien, je pense que l’écologie est quelque chose d’important dont j’aimerais tenir un maximum compte dans ma vie, mais là je suis à l’aéroport et là je m’apprête à acheter une bouteille d’au en plastique ».
C’est typiquement un exemple de dissonance cognitive, c’est à dire que je ressens une dissonance, il y a quelque chose qui sonne faux dans ma vie, parce que je pense que l’écologie c’est important et qu’il ne faut pas rejeter de plastique dans l’environnement mais je m’apprête à acheter une bouteille en plastique malgré tout.

Qu’est-ce que la dissonance cognitive ?

C’est lorsque nos idées et nos actions ne sont pas alignées. Si on a compris comment fonctionne la cognition (l’ensemble des pensées, des émotions et des actions), avec le modèle de Brooke Castillo qui nous a servi de grille de lecture et qui nous a permis de comprendre tout cela. On comprend que pour chaque action il y a une pensée, et dire que nous avons un comportement qui est en contradiction avec nos idées, cela veut dire que l’on a deux idées qui sont en train de coexister dans notre esprit. Par exemple dans notre exemple de la bouteille d’eau, l’idée qui est qu’acheter des bouteilles d’eau en plastique ce n’est pas quelque chose de bon pour l’environnement et ce n’est plus quelque chose que l’on veut faire, et l’autre idée qui est que j’ai soif et qu’acheter une bouteille d’eau là maintenant serait bien pratique. Ces deux idées coexistent et créent deux actions différentes : la première idée qui est « les bouteilles en plastiques ce n’est pas bien, je ne veux pas en acheter parce que je ne veux pas les rejeter dans l’environnement », cela va créer comme action : « je n’en achète pas », en revanche l’idée qui est : « oui mais c’est pratique, j’ai besoin de boire maintenant », va créer l’action d’en acheter une.

Il y a deux pensées que l’on crée simultanément, et qui crée cette dissonance et cet inconfort, c’est une situation qui est inconfortable, notamment pour le cerveau.

Très souvent, on va avoir tendance à pointer du doigt les incohérences des autres, parce qu’en tant qu’être humain, nous avons envie d’être cohérent. Si vous vous dites que vous êtes écolo mais que pendant les courses vous avez dit : « non on n’achètera pas des pois chiches en boites mais cette fois-ci nous allons les prendre en vrac parce que j’ai envie d’avoir une démarche plus écologique », eh bien il y aura peut-être quelqu’un qui au moment où il vous verra en train d’acheter une bouteille d’au en plastique, il vous dira : « eh bien c’était bien la peine d’acheter du vrac ».
Parce que nous avons ce besoin d’être cohérent en tant qu’être humain, la personne qui vous dit cela n’est pas forcément malveillante, cela démontre surtout une volonté de pointer du doigt une non-cohérence ici.
Lorsque l’on s’aperçoit de cette non-cohérence au sein de notre esprit, on ne va pas se sentir confortable, ce qui fait que l’on va avoir tendance à la combler et à trouver des justifications (c’est notre cerveau qui fait ça), afin de parvenir à se protéger de cet inconfort, je vous rappelle que le seul et unique but de notre cerveau est de nous maintenir en vie, ce qui signifie pour lui : poursuivre le plaisir et fuir l’inconfort. Lorsqu’il y a un inconfort, il veut le fuir. Il va s’agir de trouver un stratagème, peu importe lequel pour rendre « ok », le fait d’acheter une bouteille d’eau. Soit cela se fait en changeant la perception de l’action (c’est à dire la pensée), soit en changeant l’action, mais comme vous l’avez compris, pour changer l’action il faut changer la pensée.
Cela va ressembler en pratique à des choses comme : « oui mais là c’est du plastique recyclé », ou « oui mais c’est la dernière fois », « là je n’ai vraiment pas le choix »
Autant de justifications qui vont faire en sorte que ce soit OK pour votre cerveau, qui est qu’acheter cette bouteille d’eau malgré le fait que ce ne soit pas en accord avec nos idées, notamment celle qui est que nous ne souhaitons plus acheter de bouteilles en plastique, que c’est quelque chose que l’on souhaite bannir de nos comportements.
Voilà ce que c’est la dissonance cognitive.

A quoi cela va nous servir de connaitre cette notion de dissonance cognitive ?

Ce qui est intéressant de voir c’est que cette dissonance est en réalité le prix à payer, l’inconfort à payer pour aller d’un point A à un point B. Pour aller d’un système de pensées A vers un système de pensées B.
C’est toute la raison pour laquelle il est si difficile de changer nos comportements, notre façon de penser, c’est pour cela que c’est compliqué à faire en pratique, c’est parce qu’il faut passer par cette dissonance cognitive. A chaque fois que l’on fait face à une dissonance cognitive, c’est le signe d’un changement, si l’on a une dissonance cognitive, c’est que je suis en train de faire un changement de pensées dans ma vie. Je n’aurais pas cette dissonance cognitive si je n’avais pas cette nouvelle pensée qui m’a été proposée il y a quelques semaines voire quelques années qui est que ce n’est pas une bonne idée que l’on rejette des bouteilles plastiques dans la nature. Je suis en train de changer ma façon de penser, je suis en train d’adopter un état d’esprit plus écologique et donc ce faisant, je dois faire face à un certain inconfort sur le chemin. Cela va demander de changer mes comportements, c’est à dire dans l’exemple que j’ai donné : de ne pas acheter des bouteilles d’eau en plastique. Cela va me demander un vrai effort de changement de comportement, et ce travail qui est d’aller de mon système de pensées A à mon système de pensées B.
Je prends un autre exemple sur la thématique du voyage, si on prend un modèle de Brooke Castillo en s’appuyant sur l’exemple des vacances estivales.
Circonstances : Les vacances estivales
Pensée : Je ne suis pas organisée
Emotion : découragement
Action : Inaction (je ne vais rien faire)
Je peux avoir tout un brouhaha mental à propos de cela.
Qu’est-ce que cela produit pour moi l’inaction ? Si je suis là à être découragée parce que je me dis que je ne suis pas organisée et que je ne vais jamais réussir à m’organiser, je reste dans l’inaction et au bout d’un moment, je vais me retrouver à organiser mes vacances en dernière minute et ce qu’il va se passer c’est que le résultat que je vais créer pour moi-même c’est que je vais tout le temps tout organiser à la dernière minute.
J’ai remarqué que ce modèle là ne me convenait pas, ce n’est pas ce que je souhaite, donc je vais décider de changer mon système de pensées volontairement pour avoir un système de pensées qui me correspond davantage.
Le résultat qui va mieux me correspondre dans la vie, c’est par exemple, que mes vacances soient prêtes un mois à l’avance, que tout soit préparé et prêt à l’avance. Pour cela, il faut que je planifie, il s’agit de mon action qui va me falloir, comment dois-je me sentir pour être en mesure de planifier mes vacances ? Il faudrait que dans mon cas je me sente en confiance. Confiance en la capacité de le faire, confiance en moi, confiance que c’est possible pour moi de gérer ça, et que c’est la meilleure solution et que c’est tout à fait accessible. Les pensées je viens de vous les décrire : « c’est mieux d’organiser un mois à l’avance », « je suis capable d’organiser un mois à l’avance », sachant que la circonstance reste la même.
Si j’ai repéré ce nouveau modèle que j’ai envie d’adopter intentionnellement, ce qu’il va falloir faire c’est qu’il va falloir que je m’expose le plus possible à ces nouvelles pensées pour pouvoir habituer mon esprit à penser de manière automatique qu’il est mieux de m’organiser un mois à l’avance et que j’en suis tout à fait capable.
Le problème qui se pose c’est que ces pensées divergentes vont devoir coexister pendant un certain temps avec : « non mais moi je ne suis pas quelqu’un d’organisé », parce que j’ai pensé cela pendant des années. Du coup, comme j’ai ces deux modèles à un moment donné dans mon esprit, je vais avoir une dissonance, je vais avoir un inconfort, je vais avoir un modèle qui va me créer un résultat et un autre modèle qui va me créer un autre résultat, et je vais devoir vivre avec ces deux modèles qui coexistent dans mon esprit.
Ce que va faire mon cerveau dans ce cas de figure, c’est qu’il va essayer c’est qu’il va tenter de nous ramener à une certaine cohérence, le cerveau n’aime pas cette incohérence, il va essayer de faire en sorte que je minimise cette dissonance. Et par exemple, ce que mon cerveau va me dire c’est : « Oui, oui, en effet c’est mieux d’organiser un mois à l’avance, je pourrais commencer à planifier dès maintenant, ce serait bien que je m’y prenne à l’avance mais là c’est bon, on a encore le temps ». Mon cerveau va me proposer : « on a encore le temps ». Si je me dis : « on a encore le temps », je peux continuer à rester dans l’inaction mais ce n’est pas aussi inconfortable que de me dire : « non mais en vrai c’est mieux si je m’y mets maintenant ». Le cerveau, ce qu’il va nous proposer (puisque je vous le rappelle : notre cerveau est juste là pour nous maintenir en vie) des façons de rester dans cette inaction, et donc de maintenir cette dissonance cognitive : « non mais en vrai, c’est mieux si je m’y mets maintenant », si je me dis que j’ai encore le temps, c’est beaucoup plus confortable.
Souvent, ce que va nous proposer notre esprit, je prends l’exemple de la relation à la nourriture et au surpoids. La nouvelle pensée que vous essayez de pratiquer dans votre vie, ça va être : « à partir d’aujourd’hui je mange quand j’ai faim et je m’arrête de manger quand je n’ai plus faim », votre cerveau va vous proposer de nombreuses pensées qui vont vous permettre de continuer à manger les bonnes choses que vous aviez l’habitude de manger. Avant, votre système de pensées pouvait ressembler à ça : « C’est bon, ça me fait envie, je peux en prendre maintenant », et votre cerveau vous dit que non, que vous avez décidé de croire que : « on mange quand on a faim et on ne mange pas quand on a pas faim », votre cerveau essaie de minimiser cette dissonance pour vous proposer un peu plus de confort et dans ce cas là il peut-être vous proposer : « non mais là c’est OK parce que tu as eu une grosse journée, tu l’as bien mérité » ou alors « c’est bio »/ »c’est light », ou alors « t’en fais pas tu iras au sport demain ». Ce sont des pensées qui vont nous maintenir dans l’inaction, dans ce cas précis : de manger les choses qu’on a envie de manger, de ne pas changer notre comportement, en adoptant un système de pensées qui n’est pas le nouveau que l’on voudrait adopter mais qui ne soit pas si éloigné.
Dans l’exemple de la bouteille d’eau achetée à l’aéroport : « oui mais là je ne peux pas faire autrement ». Notre cerveau va trouver des justifications pour nous maintenir dans l’inaction, et moi ce que je vais vous proposer, c’est d’utiliser cette dissonance cognitive. Passer d’un modèle à l’autre peut être parfois compliqué parce qu’il peut y avoir un grand écart entre les deux. La dissonance et l’inconfort qui en découle peuvent être très grands. On peut tout à fait accepter cet inconfort et se dire : « là je suis dans une période où la nouvelle action que j’ai décidé de prendre, qui est de manger quand j’ai faim et de m’arrêter quand je n’ai plus faim, cette nouvelle action qui fait suite à cette pensée là, je vais la faire malgré la coexistence de mon a ancienne pensée qui est : « oui mais quand même, ça me donne envie ». C’est ce que l’on fait lorsque l’on fait un régime en réalité. On reste dans la résistance, nous avons l’ancien système de pensées, l’ancienne cognition, l’ancien modèle, qui crée cet inconfort, c’est ce que l’on appelle « résister à la nourriture » qui crée cet inconfort, et on n’agit pas dessus, on agit sur le nouveau modèle que l’on est en train de créer. C’est la façon la plus radicale de faire.
Il existe une autre manière de procéder qui est de se servir de cette dissonance cognitive, de cette volonté de ne pas rester dans cette dissonance cognitive justement, pour choisir une pensée alternative qui va se retrouver un peu entre les deux. Plutôt que de me dire : « c’est bien mieux pour moi que de m’organiser un mois à l’avance alors que je n’ai jamais été quelqu’un d’organisée », je peux toujours me dire : « je fais le test cette année, je suis en train d’apprendre à m’organiser différemment », « je n’étais pas quelqu’un d’organisée mais je suis en train d’apprendre à être quelqu’un d’organisée ». En adoptant ce système de pensées là, je vais pouvoir créer pour moi-même une pensée qui n’est pas trop en désaccord avec le « je ne suis pas organisée ». Je vais pouvoir créer pour moi-même une pensée car entre les deux pensées que j’ai en même temps dans ma tête, cet écart là il est moins grand.
Dans le cadre de la relation à la nourriture, cela pourrait être : « la nourriture n’est pas un problème pour moi », cela peut être : « il est normal pour moi d’avoir envie de ces choses là, mais ce n’est pas ce que j’ai décidé pour moi-même ».

Se proposer des pensées alternatives

Ce que je propose souvent ce sont des pensées plus neutres comme : « oui ce sont des biscuits », « c’est fait pour sentir bon »… Les pensées alternatives qui vont permettent de minimiser la dissonance cognitive tout en allant vers un résultat que l’on souhaite avoir, cela va être des pensées beaucoup plus rationalisantes de la situation. Ce sera à nous après d’aller chercher quelles sont ces pensées là, c’est un travail que vous pouvez faire seul ou que vous pouvez faire accompagné de votre coach par exemple, mais il va être intéressant de comprendre que cette dissonance cognitive on ne peut pas l’éviter et c’est la raison pour laquelle c’est si difficile de changer son système de pensées et de changer les résultats dans notre vie.
Pour résumer, ce que je vous recommande ce n’est pas forcément de rester dans la plus grande dissonance cognitive et d’avoir deux modèles qui sont à l’opposé mais plutôt de choisir des pensées qui sont entre les deux et plutôt que d’aller directement vers la pensée que j’ai envie de croire, si elle m’est trop éloignée et qu’il est trop difficile pour moi d’agir dessus, je peux juste choisir une pensée et un résultat qui vont être intermédiaire.
Voilà pour cet épisode aujourd’hui, je m’arrête là, si vous avez envie que l’on fasse ça ensemble, sachez que c’est ce que l’on fait dans LA Communauté, c’est un abonnement mensuel.
Je vous laisse là dessus et je vous embrasse, je vous dis à vendredi prochain.